La filiale, reBuy Electronics, dont j'ai pu visiter le centre logistique que je vous fais découvrir ici en vidéo, compte 550 employés et traite environ 12.000 appareils par mois. Lorsque vous allez sur le site de reBuy, que vous faites estimer votre smartphone et que vous leur envoyez, c'est ici qu'il arrive, dans un grand local de 4500 mètres carrés. Il passe alors sur une chaîne de production entre plusieurs mains, certaines humaines et d'autres robotiques, qui vont le reconditionner.
Le smartphone passe par plusieurs étapes de préparation- déballage, réinitialisation, nettoyage- avant de passer sur la partie totalement automatisée de la chaîne. A ce moment-là, il est placé par des bras robotiques dans des machines qui le testent de long en large. L'idée est de s'assurer qu'il est fonctionnel et d'évaluer sa qualité: on a là les deux composantes au cœur du processus, "quality" et "grading."
Ce qui est intéressant, c'est que tout se fait avec des robots. Des doigts artificiels viennent balayer l'écran du smartphone pour vérifier l'état de la dalle tactile. La machine branche toute une série de câbles dans les différents ports de l'appareil. Le smartphone subit aussi des tests photo, audio et même un benchmark d'autonomie. C'est assez inquiétant que mon travail de testeur puisse être accompli en moins de 5 minutes par une machine, mais bon.
Plus intéressant encore, même l'évaluation de l'état d'aspect du smartphone se fait à coups d'IA. Le téléphone est pris en photo 22 fois et un algorithme fait maison repère ses éventuelles imperfections. Je trouve ça assez dingue. Évidemment, le dernier mot revient toujours à un technicien ou une technicienne qui vérifie que le processus s'est déroulé correctement et peut éventuellement faire des ajustements.
Vous avez peut-être remarqué, j'ai très peu parlé de réparations. Le fait est que les cas de figure où un smartphone qui passe par reBuy doit être réparé sont assez rares. Selon Johannes Meier, ils représentent moins d'un quart des produits traités.
Le minimum, c'est que le smartphone soit 100% fonctionnel, que toutes les fonctionnalités techniques marchent correctement. Quant à l'état d'aspect, reBuy est moins inflexible puisque les différents degrés- comme neuf, très bon état, bon état et correct- permettent toujours de trouver son bonheur selon ses exigences.
Mais dans le reconditionné, la réparation ne doit pas devenir un passage obligatoire. L'idée est de racheter des téléphones pour les revendre. Il y a cette idée de rendement inhérente à tout business model. Et chez reBuy, pour revendre plus de téléphones, il faut en racheter plus. "Actuellement, 90% des smartphones sourcés proviennent de particuliers qui passent par le site de la société", comme me l'a expliqué son PDG Philipp Gattner.
Si le produit envoyé par l'utilisateur est conforme à sa description initiale, reBuy lui rachètera au prix convenu. Mais si quelque chose cloche, reBuy doit réévaluer le prix de rachat mais surtout le faire accepter à l'utilisateur, qui gagnera moins d'argent. Pour ce faire, l'entreprise joue la carte de la pédagogie et de la transparence, avec un rapport complet dressé par un technicien des irrégularités relevées durant le "grading."
"Avant, on faisait ça de façon très technique", commence Johannes Meier. "Mais depuis, on tente vraiment d'expliquer clairement aux gens ce qui cloche avec leur téléphone, on leur montre aussi avec des vidéos. Et depuis qu'on a fait cet effort là, on a réussi à augmenter notre taux d'acceptation jusqu'à 94%."
Bref, chez reBuy, c'est donnant-donnant. Mais dans tous les cas, si vous refusez leur offre, vous n'aurez rien à payer et votre smartphone vous sera rééxpedié dans un bien meilleur état que celui dans lequel il était auparavant. C'est déjà pas mal non?