On vous a demandé, et votre rapport aux leaks dans la presse tech est très sain
Les leaks sur les smartphones ou autres produits tech font partie du paysage médiatique et ne semblent pas vous gêner d'après les résulats de notre sondage de la semaine dernière.
Je voulais vous interroger sur la place que vous accordez aux leaks et aux leakers dans le paysage médiatique tech. Le but étant de voir quelle crédibilité vous accordez à ces sources et surtout ce que vous pensez de l'intégration des leaks dans la chaîne d'information.
Les leaks dans la presse tech, ça vous paraît normal
Hormis nos lecteurs brésiliens, vous avez majoritairement déclaré que voir apparaître des leaks dans des articles de presse tech ne vous choque pas plus que cela. Chez nos lecteurs .com (Inde et US), le taux d'acceptation dépasse les 60% sans grande surprise. Les audiences tech y sont nettement plus massives et engagées qu'en Europe, avec un rapport différent aux médias, notamment aux US, privilégiant les sources "alternatives."
"Du point de vue des médias, bien sûr, il n'y a rien de mieux, puisqu'il s'agit le plus souvent de la première actualité publiée concernant un produit et que la résonnance est forte", estime Sebastian, un lecteur allemand. Puis de nuancer: "Une fuite est juste un feu grégeois qui traverse les médias. Ce ne serait bizarre que si les différents sites n'en parlaient pas."
En France, en Allemagne et au Brésil, le taux d'acceptation est certes majoritaire lui aussi mais beaucoup plus conditionné à la nature du leak et sa provenance, autrement dit le leaker lui-même, selon 39% des lecteurs allemands et 26% des lecteurs français.
Au Brésil, cette acceptation sous condition a même remporté plus de votes (44%) que l'acceptation tout court, illustrant l'importance de la qualité du leak et du leaker pour être considéré comme une source d'information légitime.
Une condition de fiabilité parfaitement illustrée par les réponses à notre seconde question qui portait sur la distinction que vous faites, ou non, entre un bon et un mauvais leaker. Majoritairement, les lecteurs de NextPIt font cette distinction dont près de 60% pour notre lectorat .com et allemand.
En France, c'est l'indifférence qui récolte le plus de voix (47%) ce qui est assez logique quand on sait que les lecteurs acceptent majoritairement de voir des leaks dans la presse tech sans conditions, comme illustré avec la question 1.
Encore une fois, c'est au Brésil que les leakers ont le taux de confiance le plus bas. Selon le lecteur Jairo rios, "la plupart des pseudo 'fuites' sont le fait de fabricants qui cherchent à créer un effet d'annonce et à faire de la publicité."
Les leaks tech vous intéressent mais pas n'importe lesquels
Dans cette dernière question, le but était de savoir si vous vouliez que NextPit continue de relayer voire d'analyser des leaks tech. Les lecteurs de tous nos sites ont majoritairement répondu "Oui", mais à condition qu'il y ait un vrai travail d'analyse.
Un argument intéressant a également été soulevé par kukrapok, un lecteur français. Selon lui, "bien souvent il y a tellement de conditionnel que cela ne vaut rien sur le plan de l'information, ça remplit le vide en attendant la sortie d'une vraie info comme un présentateur BFM qui attend la libération des otages et n'a aucune info à transmettre mais doit garder l'auditeur connecté."
Et de conclure: "Donc généralement, y'a pas grand chose dans un leak, mais c'est un petit peu global au monde du media dans sa course à la rentabilité?"
Une réflexion intéressante et que je trouve assez juste, personnellement. Dans le sondage original (ci-dessous), je vous parlais des temps journalistiques, ces séquences durant lesquelles on avait vraiment besoin d'un journaliste pour traiter un sujet. Et j'évoquais que ces séquences étaient de plus en plus rares, surtout en tech.
Parler des leaks, les analyser, les fact checker ne serait rien d'autre qu'un nouveau temps journalistique permettant aux médias mais aussi à leur audience de combler un vide. Un vide que la culture de l'immédiat, la consommation d'information de masse a créé lui-même.
Quoi qu'il en soit, c'est bien la qualité des leaks en eux-mêmes ainsi que la qualité de leur traitement médiatique par la presse spécialisée qui semblent conditionner ce canal d'informations qui n'est plus si nouveau en 2021.
Voilà pour les résultats de ce sondage de la semaine dernière. Je remercie tous les participants ainsi que les membres de la Communauté qui ont développé leurs idées dans les commentaires. N'hésitez pas à nous suggérer des sujets sur lesquels vous aimerez être interrogés et à partager vos retours sur mon analyse dans les commentaires.
Article original
Les leaks, rumeurs ou fuites coulent à flot dans la technosphère et la presse spécialisée comme NextPit n'y échappe pas. Mais pourquoi ces fuites pas toujours fondées et aux sources parfois douteuses sont acceptées par les journalistes et surtout leurs lecteurs?
Cette semaine, j'aimerais vous soumettre un sondage plus large, moins concret que d'habitude et donc l'objectif premier n'est pas de trancher définitivement une question mais plutôt de lancer une réflexion. Et c'est un tweet de Marquees Brownlee se plaignant des articles sur les rumeurs autour de l'iPhone 13 qui m'a inspiré ce questionnaire.
C'est peut-être le phénomène qui m'a le plus choqué au début de ma carrière de journaliste tech. De mon temps au HuffPost, un média "mainstream", il aurait été inimaginable d'écrire un article à partir de rumeurs, de bruits de couloir ou toute autre affirmation sans être sûr et certain de pouvoir en apporter la preuve factuelle ou en tout cas d'apporter une source un minimum crédible.
Je ne parle pas des articles ou reportages d'investigation qui s'appuyent sur des sources nécessairement anonymes pour assurer leur protection. Non, je veux dire que là où je peux écrire un article sur la fiche technique du Samsung Galaxy S22 un an avant sa sortie sans qu'aucun élément tangible n'ait été publié, ce serait impensable sur un sujet de société par exemple.
Les leaks tech dans la presse, ça vous choque?
C'est d'autant plus frappant quand on connaît le niveau de défiance à vis à vis des médias et le climat d'hostilité à l'égard de la presse dite "mainstream."
Comme me l'a fait remarquer mon collègue Stefan, il n'y a que dans le journalisme sportif ou la presse people qu'on retrouve une logique éditoriale équivalente. Peut-être est-ce parqu'on est justement sur des thèmes de niche, où les lecteurs sont au moins aussi initiés que les journalistes. L'approche pédagogique et d'accompagnement du traitement de l'information serait alors moins importante.
Peut-être aussi est-ce une affaire d'enjeu? Un article de rumeurs sur un smartphone, comme un article de rumeurs sur un transfert de Mbappé, sont moins importants ou en tout cas moins critiques pour la vie de la cité qu'un article de faits divers ou un reportage politique. Peut-être donc que leur exactitude factuelle n'est pas un critère aussi important qu'ailleurs.
Dans tous les cas, Samsung ne confirmera jamais rien officiellement sur le Galaxy S22 en dehors de sa propre phase promotionnelle. Que la rumeur d'un module photo de 200 MP soit vraie ou fausse, peut-être qu'on s'en moque après tout. Peut-être que l'important, ce sont les débats et les discussions autour de ce potentiel fait qui rendent l'article intéressant et facilitent donc son acceptation auprès du lectorat.
Y a-t-il de bons leakers et des mauvais?
Selon moi, si les leaks sont aussi populaires et appréciés par les technophiles, c'est parce que le temps journalistique est très restreint en ce qui concerne la tech.
Quand je dis "temps", c'est pour désigner les occasions durant lesquelles on a vraiment besoin d'un journaliste tech. Ces moments où le journaliste a un accès privilégié à une information que le public ne pourrait sinon jamais se procurer.
Ces occasions sont moins fréquentes et moins systématiques dans la presse tech que la presse généraliste. Pour la tech, les principaux temps journalistiques sont les keynotes des fabricants, la période d'embargo avant la sortie d'un produit et les interviews de responsables d'une marque ou tout autre acteur majeur de l'industrie.
Vous, en tant que lecteur, avez moins de chances de pouvoir discuter avec Tim Cook que moi, par exemple. Vous avez aussi moins de chances de pouvoir tester le Samsung Galaxy Z Fold 3 avant sa sortie. Et c'est ça qui fait toute la force d'un Jon Prosser, peu importe qu'on l'apprécie ou qu'on le trouve fiable ou non.
Le fait est que ces personnes fournissent de facto un travail qui, partiellement certes, s'apparente à du journalisme. Le fait que Jon Prosser ait noué des contacts exclusifs au sein d'Apple lui confère un accès auquel presque aucun journaliste comme moi ne peut prétendre. C'est ce qui fait la valeur de ses leaks.
Par contre, le micro-influenceur Tartempion qui a reçu un communiqué de presse comme tout le monde et qui décide simplement de ne pas respecter l'embargo et de tout publier avant les autres, celui là n'est pas un vrai leaker à mes yeux. Son travail n'a de valeur que l'exclusivité temporaire qu'il s'est frauduleusement arrogée.
Dans cette logique, ma logique, il y aurait donc de bons leakers et des mauvais. Qu'en pensez-vous?
Voulez vous continuer à suivre les leaks tech sur NextPit?
Il serait malhonnête de conclure cet article sans inviter à une certaine autocritique de NextPit. Oui, mes collègues et moi couvrons régulièrement des leaks sur les smartphones.
Cette décision éditoriale est évidemment en partie motivée par des raisons de SEO et de traffic sur Google. Si les leaks n'intéressaient personne, personne n'en parlerait, cela paraît évident. Mais, sans jouer les Saintes-nitouche, la décision de couvrir les leaks est aussi mue par une logique servicielle.
Puisque nos lecteurs semblent être intéressés par les leaks, et comme de nombreux leaks émanent de sources peu fiables, on trouve là un nouveau temps journalistique où le décryptage et le fact checking d'un journaliste qui connaît son sujet peuvent s'avérer nécessaires.
Partagez-vous mon raisonnement? Pensez-vous qu'analyser les leaks peut apporter une valeur ajoutée journalistique que vous aimeriez retrouver sur NextPit?
Voilà pour ce sondage un peu plus philosophique et beaucoup plus long que d'habitude. Comme toujours, je remercie d'avance celles et ceux qui participeront et partageront leurs réflexions dans les commentaires. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bon week-end et de vous donner rendez-vous lundi pour découvrir et analyser les résultats.
C'est comme certains qui prétendent qu'il n'y aura pas de série iphone 13 mini au vu des faibles ventes de la série mini ...
Alors que cette affirmation ne tiens sur aucune source fiable car il y aura bien l'iPhone 13 mini l'année prochaine
C'était pareil avec Samsung et sa série note après le note 9 on disait que Samsung allais abandonné mais le note 10 est bien sorti et rebolotte puis le note 20 , si cette année Samsung ne sort pas le note 30 ou 21 c'est juste à cause de la pénurie de puce et rien d'autre ...
J'avoue que pendant cette année où l'actualité est devenue si pénible à vivre et à regarder, que de lire un article qui validait ou pas avec arguments et humour des fuites, ça m'a fait du bien, ça m'a donné le sourire et ça m'a remonté le moral, dans des moments où j'étais si seule confinée chez moi.
Je n'en veux pas à Tartempion de ne pas avoir eu toujours raison, j'en veux plutôt aux autres " les vrais journalistes" de nous faire toujours peur.
Tu sais bien que ce sont les "infos qui font peur" qui se vendent le mieux.
Rappelle-toi Roger Gicquel, le PPDA des années 70, qui parlait déjà comme cela :
"La France a peur."
et ça marchait du feu de dieu...
Il avait un ton bien à lui, une manière d'annoncer les nouvelles graves. Dès qu'il y avait une catastrophe, ça tombait toujours sur ses pompes ! ;)
Je me souviens jusqu'à l'épaisseur de ses sourcils, un indice sur la gravité du discours qui allait suivre...
Et j'avais encore une télé à cette époque 😉
C'est aussi oublier que le leak représente de l'audience pour le media (putaclic?) donc ça l'arrange bien de relayer potentiellement n'importe quoi.
Puis aussi.. que le leak peut aussi être 'organisé' par le fabricant lui-même, quand ce n'est pas par un concurrent.
Et bien souvent il y a tellement de conditionnel que cela ne vaut rien sur le plan de l'information, ça remplit le vide en attendant la sortie d'une vraie info comme un présentateur BFM qui attend la libération des otages et n'a aucune info à transmettre mais doit garder l'auditeur connecté.
Donc généralement, y'a pas grand chose dans un leak, mais c'est un petit peu global au monde du media dans sa course à la rentabilité?
Tiens, on a un partisan de Guy Debord 😉
qui s'ignore...ou pas !
Cela ne me choque pas, mais cela m'embête.
- D'une part, on ne peut pas toujours deviner si le leak est crédible ou pas selon les sources. Et même quand la source l'est en général, la source peut parfois se tromper. Et ça, on ne le peut pas le deviner.
- D'autre part, je trouve que ça gâche un peu le plaisir de regarder les keynotes et autres annonces officielles des constructeurs. Il y a moins (ou pas du tout) d'effet de surprise, parce que l'essentiel des annonces sont plus ou moins connus à l'avance. Et un peu de déception aussi quand le leak avait l'air crédible, mais qui ne l'était pas vraiment...
Donc, j'essaie comme je peux de ne pas prêter attention à ce qui ce dit ici et là sur tel ou tel futur smartphone. Mais parfois c'est difficile.
Tout à fait! D'ailleurs si je me rappelle bien, un billet d'opinion avait été écrit il y a quelques temps sur ce même site disant plus ou moins exactement la même chose et je partage totalement cet avis.
Je trouve la première question intéressante dans la mesure où elle nous interroge à la fois sur la valeur et la qualité des leaks.
Je ressens une certaine indifférence vis-à-vis de ce procédé car je doute de l'authenticité qu'elle est sensée apporter et donc de savoir quoi en penser.
Quant à ma curiosité, elle m'incite à demander à en savoir plus sur la qualité de ces infos si particulières.