Non, la technologie ne doit pas être réservée uniquement aux hommes !

Dans le cadre de son initiative « Women In Tech », la firme Ivanti a mené une nouvelle enquête qui a déterminé que la majorité des sondées (63%) "sent que les perceptions négatives associées à la différence intrinsèque de genre affectent négativement leur environnement de travail et leurs opportunités professionnelles".

Le rapport tiré de cet enquête, auquel ont participé des salariées du monde entier (dont le Royaume-Uni, l’Irlande et les Etats-Unis) conclut que beaucoup de femmes travaillant dans les industries technologiques doivent affronter une discrimination de genre sur leur lieu de travail. "Leurs suggestions sont ignorées, elles sont constamment interrompues lors de réunions et on les ignore pour des promotions, qui vont plutôt à des collègues masculins". Qui plus est, 43% pensent qu’une des problématiques-clé du secteur est le manque d’exemples féminins à suivre.

Le rapport fait la lumière sur d’autres points intéressants :

• Un chiffre positif et encourageant : plus de la moitié des enquêtes ont révélé qu’il y a plus de femmes travaillant dans l’industrie high-tech qu’il y a 5 ans ;
• 88% des femmes pensent que le désir d’apprendre est la motivation primordiale pour travailler dans ces métiers ;
• 67% considère qu’"avoir un impact positif sur sa société et dans l’industrie en général" est le meilleur atout des femmes dans cet environnement.
• Une sondée sur cinq recommande aux femmes débutant leur carrière dans le secteur technologique qu’il est "essentiel de connaître sa propre valeur".
• 73% pense que pour donner envie aux femmes d’entrer dans ces métiers, il faut les payer autant que les hommes.

L’écart des salaires est un autre des facteurs-clé. Et évidemment, il ne concerne pas uniquement ces métiers. Quasiment tous ont cette même lacune, du cinéma jusqu’au secteur des services en passant par toutes les industries que vous pouvez imaginer. Autour du monde, les femmes gagnent moins que les hommes. Pourquoi ?

Les femmes qui font un travail d’hommes ? Sérieusement ? Au XXIème siècle ?

C’est un secret de polichinelle que dans l’industrie high-tech, de laquelle je fais partie, les hommes ont le pouvoir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 70% d’hommes contre 30% de femmes, selon les statistiques du Mobile World Congress de Barcelone de cette année. S’il est vrai que le nombre de femmes employées du secteur semble bien progresser, le problème de leur visibilité, et avant tout de leur crédibilité, persiste.

Durant mes années d’expérience à la télévision avec une grande majorité de femmes dans les rédactions, occasionnellement dans des postes à responsabilité (qui comportaient plus d’hommes, mais heureusement, le nombre de femmes était plus élevé qu’attendu pour l’époque, je veux parler de 2006 à 2010, plus ou moins), ma plongée dans le monde de la high-tech m’a rappelé que parfois, on doit justifier sa légitimité à faire partie d’un secteur que l’on ne pense pas adapté pour toi (que dis-je, ces conneries sont valables pour les métiers dits d’hommes et de femme, un fléau que l’on traîne depuis des générations et qui a plus un rapport avec notre éducation qu’autre chose…).

Et je veux être très claire : je ne parle pas de mon environnement de travail, évidemment, et même si nous sommes 5 rédactrices et 17 hommes, aujourd’hui on a tous et toutes les mêmes capacités, opportunités et nous bénéficions d’une égalité de traitement. Mais je me suis bien rendu compte que certains lecteurs, ou encore, utilisateurs qui regardent les vidéos sur notre chaîne YouTube qui semblent avoir un problème avec le fait qu’une femme parle de nouvelles technologies.

Les commentaires que je reçois sur ma beauté (ou l’inverse), mon âge, les énièmes « tu ne sais pas de quoi tu parles »… je pourrais les lister des heures, continuent à retenir mon attention. Peu importe qu’on dise du bien de moi, ça ne rentre pas en compte. Pourquoi évaluer mes critères physiques quand je parle du dernier smartphone de OnePlus ? Pourquoi mes collègues masculins reçoivent-ils ce genre de commentaires moins souvent ?

Bien sûr, tous les commentaires n’ont pas cette portée, ni même la majorité, mais en fin de compte, c’est un reflet de la société dans laquelle on vit. Et c’est aussi le cas de l’étude évoquée plus haut, qui dit que des milliers de femmes vivent cette situation au quotidien. Et, je le répète, ce n’est pas que dans la tech. Combien de fois ai-je dû subir des réflexions autour des "femmes faisant un travail d’hommes" ! D’accord, on évolue, on est au XXIè siècle. Il y en a assez des discriminations de genre. Assez des esprits fermés.

Mais on dirait bien qu’il y a une lumière au bout du tunnel. Comme toujours, le chemin sera long et plein de sacrifices, en tant que femmes, rien ne nous a été jamais acquis, clairement. Mais ils existent plusieurs associations spécialisées dans l’industrie, comme Women in Mobile et des programmes comme Women4Tech que l’on peut trouver représentées dans des salons comme le MWC.

Je vais boucler la boucle. Cette année, les femmes du monde entier ont donné de la voix contre la discrimination. Et c’est l’essentiel : que de plus en plus de femmes, avec le soutien d’hommes, réclament leur place et légitiment le rôle des générations passées. Et cela ne s’arrête pas là. Ce mois-ci des milliers d’employées de Google ont initié une "marche pour un vrai changement" pour protester contre la réponse apportée par leur hiérarchie face au comportement inapproprié de plusieurs de leurs cadres. Mais c’est un autre sujet….

Qui aurait pu me dire que j’aurais dû attendre d’avoir plus de 30 ans avant de découvrit que l’homme a marché sur la Lune grâce à une femme ? Pardon : grâce à plusieurs femmes. Si vous ne le saviez pas, maintenant vous avez certainement envie d’une chose : découvrir qui elles étaient.