Razer Phone : pour les jeux comme pour les joueurs ?
Le Razer Phone voit l’arrivée d’un nouveau challenger dans l’arène très compétitive des smartphones. Razer est peut-être un novice sur le marché, mais il possède un vrai pedigree de production de très bons produits pour le marché des PC gaming. Razer vante aussi son passif dans les notebooks gaming haut-de-gamme, mais peut-il faire fonctionner sa magie sur petit écran de façon à cadrer avec les exigences d’un smartphone ?
« Par les gamers, pour les gamers ». C’est la devise de Razer, et en tant que membre de ce groupe émérite, je dois admettre que j’étais sceptique à l’idée d’un smartphone venant d’un fabricant qui s’est fait son nom dans le domaine des composants gaming.
Les gamers sur PC haut de gamme aiment bien répandre leur mépris sur les gamers sur mobile (et aussi ceux sur console, et ceux qui utilisent des PC bas de gamme, et moyen de gamme, et plus largement, le reste de l’humanité). Croyez-moi, j’en faisais partie. Mais j’ai appris à apprécier l’expérience que peut apporter le gaming sur Android, tout en étant conscient des limites qui peuvent se ressentir sur mobile lorsqu’on est habitués aux bonnes choses.
Et, à la décharge de Razer, des bonnes choses, ils en font. Le portable Razer Blade Pro, par exemple, est une vraie pépite, qui utilise des composants dernier cri pour faire tourner les jeux récents les plus gourmands, dont un écran 4K et une carte graphique GTX 1080. Si vous avez un de ces modèles, ou n’importe quelle configuration gaming haut de gamme chez vous, pourquoi vous intéresseriez-vous à un smartphone pour gamers ?
C’est en gardant cela à l’esprit que j’ai observé à quel point le Razer Phone améliore le jeu sous Android par rapport à ses concurrents. Est-ce que c’est un smartphone fait pour le jeu mobile ? Ou simplement un smartphone de plus, qui s’adresse aux gamers comme segment marketing ? J’ai donc pris en main le Razer Phone en me concentrant sur l’expérience de jeu, et bien… Il y a un peu de la première catégorie, et un peu de la deuxième catégorie.
La fonction prime sur la forme
En comparaison avec les modèles-phare de la génération actuelle arrondis, et presque sans cadre, le Razer Phone apparaîtrait presque comme démodé. La coque est une boîte noire angulaire et brutale avec des coins carrés et un cadre noir et épais au-dessus et en-dessous de l’écran.
Le design rectangulaire du Razer Phone trahit sa lignée comme descendant du Nextbit Robin de 2016. Alors que le Robin était tourné vers le cloud, le Razer Phone embarque des composants très robustes optimisés pour la performance de jeu. L’efficacité, pas le style, est la base de la philosophie du Razer Phone, et l’ensemble des aspects en apparence désuets de l’appareil a été conçu dans cette optique.
En premier lieu, le design angulaire en fait un appareil bien meilleur à tenir en main, il y repose sans peine, avec des haut-parleurs puissants qui vous font face, les cadres qui empêchent vos doigts de gâcher l’action à l’écran. Un autre avantage, moins évident celui-là, réside dans sa forme.
Si vous êtes occupés à jouer avec souris et clavier sur votre bureau mais que vous voulez, par exemple, faire un appel vidéo ou lire une vidéo de tuto sur YouTube en pleine partie sans trop bidouiller, le Razer Phone ne se distingue pas uniquement avec son design, mais il peut aussi tenir debout ! Tout comme le modèle Xperia XZ Premium de Sony, cet appareil peut se tenir droit, mais il va plus loin que le Sony : il peut être posé sur le côté, en mode paysage. Mais cela ne fonctionne que sur un bord, pas l’autre avec les boutons de volume.
Habitué aux smartphones arrondis, je ne pensais pas à l’origine que j’utiliserais régulièrement le smartphone comme ça, mais après une semaine d’utilisation, je me retrouve à le positionner ainsi chaque jour, et pas juste quand je suis au bureau. C’est fantastique pour les appels vidéo, vu que ça vous libère les mains et vous permet d’avoir une position plus naturelle quand vous discutez.
Les haut-parleurs sont aussi assez puissants, et j’ai apprécié la capacité de tenir le téléphone pour m’assurer qu’ils étaient bien en face de moi. Gardez cependant à l’esprit que même en pouvant se tenir, le Razer Phone ne peut pas faire de miracles, et un léger toucher ou un courant d’air peut le renverser. Assurez-vous donc de le poser sur une surface stable.
Une démonstration de force clinquante
Équipé du processeur le plus pointu de Qualcomm et de 8 GB de RAM, le Razer Phone embarque des fonctionnalités impressionnantes. Mais c’est plus ou moins ce qu’on peut attendre d’un smartphone haut de gamme actuel. Son argument de vente principal, cependant, est son affichage éblouissant : un écran IGZO LCD de 120Hz.
C’est là où le pedigree gaming de Razer brille tout particulièrement. Si vous êtes habitués à un moniteur gaming moyen (120Hz+), la même image à 60Hz ne peut pas être rendu avec des lags et des saccades.
L’écran IGZO fonctionne avec la technologie Ultra Motion, la version mobile de G-Sync de Nvidia, conçue pour les écrans de PC. Cela assure un avantage non négligeable de temps d’actualisation qui s’adapte, sans perte d’images. Cela élimine les saccadements et « tremblements » auxquels l’œil est sensible.
Avant même de parler des jeux vidéo, il faut noter que Razer a travaillé en collaboration avec Google pour qu’Android soit rendu adéquatement à 120 images/seconde. Rien qu’en parcourant l’OS, celui-ci est magnifiquement fluide, même le propre Pixel 2 de Google semble pâlir en comparaison sous mes doigts.
Le temps d’actualisation à 120Hz est le détail qui pourrait faire toute la différence et élever le Razer Phone au-dessus de la mêlée comme smartphone de choix non seulement pour la marque plébiscitée des gamers, mais aussi pour des clients qui voudraient l’utiliser comme plateforme de jeu mobile face à la compétition de la PS Vita ou de la Nintendo Switch.
Le Razer Phone ne fait qu’une bouchée de tout ce que vous pouvez trouver sur le Play Store, vous permettant de jouer les jeux les plus graphiquement magnifiques et exigeants sur cette plateforme sans compromis. Vous battre sur Lineage 2 ? Enchaîner tout Breakneck ? Vous démener sur N.O.V.A. Legacy ? À l’aise.
Grâce à la grande capacité de mémoire vive du Razer Phone, vous pouvez alterner entre plusieurs jeux et applications aisément et rapidement. Razer démontre aussi ses prouesses en redistribution de chaleur : il ne rentre pas en surchauffe excessive dans n’importe quelle utilisation, et il ne devient pas peu confortable à tenir quand il chauffe. Et si vous pensez que votre jeu intensif peut épuiser le téléphone ou sa batterie, c’est là où le Game Booster arrive à la rescousse.
Game Booster : bien plus qu’un gimmick
Un autre avantage pour le gamer sous Android est le Game Booster de Razor, où vous pouvez contrôler divers paramètres de jeu, ajuster la résolution, le frame rate, et la consommation de ressources. Si vous avez une tonne de jeux sur le mobile, et que certains nécéssitent plus de ressources que d’autres, c’est un excellent moyen de s’assurer que votre smartphone les gère correctement. Lorsque vous avez besoin d’économiser de la batterie, vous pouvez sacrifier les performances et le jeu pour allonger les parties en ajustant les paramètres Vous pouvez même décocjer l’anti-alias et désactiver des notifications lorsque vous jouez pour ne pas être dérangés.
Ce genre de minutie et ce niveau de contrôle sur votre jeu donne vraiment l’impression que le Razer Phone appartient bien à la même gamme que les ordinateurs portables Razer Blade. Mais les ordinateurs portables Razer Blade disposent aussi d’un choix fantastique de jeux haut-de-gamme à acheter. Le Razer Phone est plus limité en la matière.
Un beau smartphone gaming a besoin de beaux jeux
Cependant, à l’heure actuelle, le potentiel du Razer Phone est handicapé par l’état de l’écosystème Android. De plusieurs manières, le marché des jeux mobiles est à l’opposé des jeux premium auxquels les clients de la gamme Razer sont habitués. La plupart des développeurs de jeux, ciblant un large public utilisant des gammes d’appareils bas de gamme ou moyen de gamme, ne se concentrent pas sur les graphismes, et vont bloquer leurs applications à 60 images/seconde, même si l’affichage de l’écran est supérieur. En fin de compte, cela rend l’avantage de l’écran du Razer Phone insignifiant.
Razer a tenté d’y remédier en promettant la sortie de jeux spécifiquement conçus pour tirer profit des avantages uniques du Razer Phone, notamment des versions mobiles de Tekken et Final Fantasy XV.
Cela pourrait être vraiment prometteur pour le futur des jeux Android si cette initiative décolle et le Razer Phone pourra composer une offre de jeux qui peut vraiment exploiter pleinement ses limites. Mais actuellement, acquérir un Razer Phone simplement pour jouer à des jeux qui ne peuvent pas être proposés sur d’autres appareils s’apparente à un pari. Il offre une meilleure expérience de jeu globale que la compétition.
Si vous voulez vraiment un smartphone de gamer, le voici… mais il faut y mettre le prix
Et je ne parle pas du prix de vente de 749 euros. Le Razer Phone a de bons arguments pour être le meilleur smartphone gaming. Une combinaison de hardware haut de gamme, un design solide, un écran fantastique et une fonction game booster l’élèvent au-dessus de sa compétition. Mais pour obtenir cela, il sacrifie aussi des choses dans d’autres domaines importants pour un smartphone.
Si vos jeux idéaux sous Android sont Candy Crush Saga, Fruit Ninja, ou Clash of Clans, alors le Razer Phone n’améliorera en rien votre expérience de jeu sur mobile. Mais Razer n’a pas envie de s’adresser aux fans de Candy Crush. Ils savent qu’ils ont un public fidèle à travers leurs notebooks et périphériques, et qu’ils jouent certains types de jeux exigeants, et ils en sont fiers.
Pour plusieurs gamers, ce n’est pas important que les jeux sur mobile ne soient pas aussi impressionnants que sur PC ou console. Le fait que le smartphone qu’ils ont en main puisse jouer les meilleurs jeux mobiles avec les paramètres poussés au maximum en dit long sur leurs priorités.
Les non-gamers apprécieront tout de même l’interface Android de base et le scrolling très fluide sur la plupart des applications utilitaires. Je peux parcourir mon feed Twitter sans souci, en éliminant le moment un peu agaçant où je dois attendre l’actualisation.
Mais, comme on le verra dans notre test technique à venir, le Razer Phone se traîne toujours derrière la compétition sur certains points-clé, qui l’empêchent d’être un bon smartphone dans son ensemble. L’appareil photo, un des aspects cruciaux dans l’achat d’un smartphone pour la plupart des utilisateurs, n’est clairement pas une priorité pour Razer, qui n’a sorti qu’un seul produit avec capteur photo auparavant (une webcam). Pas de stabilisation optique de l’image. Même les Samsung Galaxy S7 ou Pixel de la précédente génération peuvent le battre. La photo sur mobile vient à 89% du logiciel, et même s’il est possible que des mises à jour vont améliorer les images prises avec le Razer Phone, je ne les vois pas rattraper le retard pris sur leurs rivaux bien plus expérimentés.
En fin de compte, je ne peux pas imaginer de meilleur compliment pour le Razer Phone que ceci : après m’y être habitué, je déteste retourner au gaming sur un appareil plus à la mode, même un flagship puissant avec un bel écran comme le Samsung Galaxy Note 8. Si on doit prendre en compte tout – l’écran, le confort, le son, les performances – je choisirai le Razer. Et pourtant, je grince des dents à chaque fois que je prends un cliché avec cette imposante brique noire sortie par la marque au serpent. Mais, parce que j’adore l’expérience de jeu, je suis disposé à faire avec. Et ce sera peut-être votre cas si vous attachez de l’importance au gaming haut de gamme dans votre propre utilisation d’un mobile.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que l’expérience de jeu sous Android est suffisante pour justifier l’achat de ce smartphone pour gamers ?
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