La technologie est-elle vraiment hors de contrôle ?
Vous êtes-vous déjà demandé quand la technologie a fait ses débuts ? C’est impossible à définir de manière absolue mais de la création du premier silex au développement de l’Intelligence artificielle médicale en passant par l’invention du télégraphe, la technologie a accompagné l’Homme durant son histoire et influencé son évolution.
La technologie, par l'Homme pour l'Homme ?
La technologie est, en sa nature, assez extraordinaire, car à l’image de l’Homme elle est condamnée à évoluer. Bill Gates avait expliqué en 2001 dans une interview que “l’avancée de la technologie repose sur son adaptation, sur le fait qu’elle s’adapte de manière à ce que vous ne la remarquiez même pas vraiment, c’est une partie de notre vie quotidienne”. Cette phrase est lourde de sens, la technologie n’a cessé d’évoluer et ces dernières années plus vite que jamais, à tel point qu’elle est désormais partout, dans les environnements professionnels tout comme dans nos maisons, et même dans nos poches.
Dans notre perspective moderne, la phase de l’évolution de la technologie la plus connue est bien évidemment ce que l’on appelle la révolution numérique, un phénomène qui a eu une grande influence sur la deuxième partie du 20e siècle et qui est - pour le meilleur et pour le pire - l’une des bases de notre société moderne. Les sirènes d’alarmes ont été tirées car nous pouvons déjà voir aujourd’hui l’ampleur que les technologies enfantées par l’informatique peuvent avoir sur nous, sur notre santé physique et mentale, sur notre conception de la société etc.
Il est intéressant de préciser que l’évolution de la technologie, et donc ses conséquences, ne se fait qu’à travers l’influence de l’Homme. La technologie influence et est influençable, soumise aux lubies socio-économiques et politiques. Cela a toujours été ainsi, mais les craintes aujourd'hui de son instrumentalisation sont de plus en plus inquiétantes.
Technologie et marketing : l'art de la manipulation
Nous vivons à la grande époque du marketing et de la publicité. Ils sont omniprésents, dans la tech comme ailleurs, et dans le royaume d’Internet, la publicité en est la reine. Commençons par cette habitude qu'ont pris les fabricants et les publicitaires d'utiliser des hyperboles, des superlatifs et des adjectifs portant un degré d’intensité maximal à chaque fois qu'ils parlent de leurs services. Cette pratique n'est pas nouvelle en soi mais elle s’est extrêmement généralisée, à tel point que les présentations d'appareils en sont devenues ridicules. Apple et bon nombre d’entreprises tech sont devenus des experts dans l'exagération : ce qu’ils présentent est “incroyable”, “excellent”, le “meilleur smartphone au monde”, et de manière générale le terme “incroyablement” suivi de n’importe quel adjectif qui arrange l’orateur, vous en trouverez un aperçu dans cette vidéo (en anglais).
La question se pose : pourquoi abuser d'exagérations si elles semblent ridicules ? Elles véhiculent des émotions et, nous le savons tous, les émotions arrivent plus facilement à convaincre que les faits. En pratique, donc, cela fonctionne, à tel point que l’émotion a trouvé sa place partout, même dans les articles web (notamment dans les titres, souvent définis par l'adjectif anglais "clickbait" ou "putaclic"). Tout est bon pour attirer le client, en somme. Face à l'omniprésence de l'émotion et certaines pratiques publicitaires parfois à la limite de l'illégalité, certains utilisateurs se laissent convaincre que leurs besoins sont bien supérieurs à leurs besoins réels, par exemple certaines personnes achètent un smartphone à 1000 euros mais ne l'utilise que pour discuter sur WhatsApp et lire des mails.
Cela va bien plus loin encore car l'émotion est omniprésente chez les utilisateurs. L'exemple le plus flagrant est probablement celui des “fanbases”, c’est à dire les groupes de fans de certaines marques qui ne supportent pas que l’on critique leur entreprise tant aimée, parfois élevée à un rang de semi divinité où la moindre critique de la marque est ressentie comme une attaque personnelle. De nombreux journalistes ont pu en faire l’expérience, critiquer Samsung ou Apple dans des articles entraîne souvent des commentaires houleux, voire insultants. Pourquoi ressentir une quelconque émotion envers une marque ? Pourquoi avoir un besoin de se sentir membre de sa "communauté" ?
De manière générale, la technologie a réussi, avec l’appui de ses créateurs qui aiment se prendre pour Dieu, l’exploit de se rendre indispensable. C’est assez risible car dans bien des cas elle ne l’est pas. Publicitaires, médias et bien sûr fabricants font leur possible pour nous convaincre du contraire et que nous avons besoin de nombreux appareils ou services technologiques, et que les paiements/achats doivent se faire à fréquence régulière pour remplir leurs caisses déjà si pleines. En somme, rien de nouveau, mais c'est mieux pensé.
Du business model énervant aux enjeux politiques
Nous pouvons retrouver l'empreinte du business même dans la sémantique, par exemple dans le terme "gratuit" que l'on retrouve partout sur Internet. Ce terme est utilisée de manière abusive pour indiquer qu'il n'y a pas à débourser d'argent pour utiliser un service, mais bien entendu, vous ne déboursez pas d'argent directement mais ce sont vos données privées qui sont sacrifiées sur l'autel de la publicité ciblée. En d'autres termes, vous payez avec vos données. En usant - et abusant - de semi-vérités, l’Internet “gratuit” a su s’imposer comme référence. Si le sujet vous intéresse je vous invite à lire cet article de mon collègue David, il y explique l'un des revers des applications gratuites : les achats in-app.
La publicité est devenue une pratique aussi courante qu’inquiétante. Comme expliqué ci-dessus vous accédez aux services gratuits et payez avec vos informations privées. C’est a priori une méthode simple dans laquelle tout le monde est gagnant, tout au moins c’est ce que les fabricants voudraient nous faire croire. Il a fallu tout une aventure politique pour que les autorités réagissent et obligent les entreprises numériques, grosses comme petites, à faire preuve de clarté sur les informations qu’ils recueillent, et encore il faut que l’utilisateur les lise. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que, la plupart des utilisateurs acceptent que des entreprises sachent tout sur eux, se plaçant derrière la célèbre phrase “je n’ai rien à cacher” qui agace tant mon collègue Christopher.
La question est donc la suivante : qui fait quoi avec nos données ? Hormis l’intervention d’autorités policières ou gouvernementales, et hormis les cas où ces données ne sont pas piratées ou utilisées à mauvais escient, elles sont utilisées à des fins publicitaires. L’entreprise développe une sorte de profil virtuel et en fonction des informations en sa possession, que vous lui transmettez volontairement ou non, elle arrive à savoir ce qui vous plaît, le but étant bien évidemment de vous présenter des pubs qui vous intéressent.
Les sceptiques mettent en avant une autre problématique : les entreprises chinoises accumulent-t-elles les données privées obtenues sur les occidentaux à des fins purement commerciales et/ou statistiques ? Dans ce gigantesque pays où le lien entre gouvernement et entreprises est particulier, les données peuvent donc facilement être transférées. Les Américains sont bien entendu les premiers à répéter cette hypothèse (ce qui est amusant venant de leur part car pour ce qui est de l’exploitation des données ils sont experts en la matière). Les Européens, eux, se laissent également bercer par les sons de cloches venus d’Outre-Atlantique, notamment parce qu’ils sont vexés de voir le territoire qu’ils ont longtemps exploité comme main d’oeuvre pour les délocalisations arrive à voler de ses propres ailes - et même plus haut.
Pire encore : le fait que l'Europe se trouve prise entre plusieurs feux. D'un côté, Apple, Google et autres entreprises américaines, de l'autre Huawei, Xiaomi et autres entreprises chinoises. Les américains, bien plus établis économiquement et socialement, bénéficient davantage des faveurs des utilisateurs de produits et services technologiques mais les chinois réussissent de plus en plus à s'imposer depuis quelques mois. Les relations entre les pays de l'Union sont fragiles et individualistes, une alternative européenne serait compliquée à mettre en place pour bien des raisons.
La technologie améliore-t-elle vraiment notre société ?
Laissons de côté l’économie et la politique pour observer les choses dans une perspective plus sociale. Les produits que nous vendent ces entreprises changent nos vies, ce qui est une bonne chose en soi car c’est justement l'objectif d'un produit technologique. L’histoire montre de nombreux exemples de produits technologiques marquants, ayant un impact positif sur la société. Ceci dit, ils montrent également des signes négatifs tels que l’addiction. La télévision est l’un des exemple les plus flagrants du siècle dernier.
Le téléphone portable puis par la suite le smartphone entraînent eux aussi leur lot de conséquences. Aussi pratique qu'il puisse être, le smartphone cause chez certaines personnes un problème d’addiction, qui est aujourd’hui reconnu comme une véritable addiction maladive. Le problème ne touche pas que les smartphones, bien sûr, nous le voyons avec les jeux vidéo (il existe même des cures de désintoxication pour les accros à Fortnite) et énormément d'autres domaines.
La dépendance au smartphone touche tellement de personnes que Google et Apple ont même placé une fonctionnalité permettant de voir et restreindre l’utilisation que l’on fait de son smartphone. Ceci est amusant car ces entreprises ont justement tout fait pour rendre les utilisateurs dépendants de leur smartphone et des applications. Facebook en est un bon exemple, il fait tout pour rendre les utilisateurs dépendants à son réseau car cela lui permet d’optimiser ses revenus.
Sans même parler d’addiction à l’utilisation, certains jeunes semblent avoir perdu le sens des réalités. L’exemple le plus explicite est certainement celui de l’adolescent qui avait vendu un rein pour s’acheter un iPhone, mais de nombreuses plateformes web (au hasard : Facebook) mettent en évidence le même problème : certains utilisateurs perdent les pédales à cause des stratégies de ces entreprises. Beaucoup ont inventé des monstres de Frankenstein et ont perdu le contrôle. Il est inutile de nier également que le concept de conditionnement si cher aux psychologues pèse lourd sur la balance, pour certaines personnes il est indispensable d'avoir un iPhone et rien d'autre (parce que tout l'entourage en a, par exemple), etc. Quoiqu'il en soit, si le thème du smartphone et son rôle dans la société vous intéresse, je vous invite à lire cet article.
Economie, politique, société, et santé
Dans une perspective un peu plus terre à terre, le smartphone et de manière plus générale les ondes soulèvent également de nombreuses questions, notamment d’ordre médical. Est-ce qu'ils et ondes représentent un problème pour notre corps ? Il est prouvé qu’elles ont un effet, en revanche les résultats ne sont pas les mêmes en fonction des technologies utilisées (le WiFi serait beaucoup moins problématique que les ondes 4G), et les effets / conséquences sur le long terme sont encore à démontrer. A une époque où les appareils WiFi envahissent nos maisons et le Bluetooth envahit nos poignets, il y a de quoi se poser des questions. Le problème majeur, c'est que les résultats des études sur le sujet peuvent se faire facilement influencer par des entreprises qui ne veulent pas voir leur gagne-pain diminuer.
Au final, la technologie n'est pas qu'une simple question de technique, un simple rapport de besoin comblé par une invention pour y subvenir. Il faut savoir la faire évoluer dans le bon sens si nous voulons évoluer dans le bon sens nous aussi.
Je ne dirais pas qu'elle est hors de contrôle, je dirais plutôt que les gens se sont laissés débordés par la technologie et qu'ils en sont devenus esclaves ! Il suffit de regarder dans les transports en commun ou dans la rue, une grosse voir très grosse partie de gens ont les yeux rivés sont leurs écrans, ils sont même capable de risquer leurs vies en passant aux passages piétons sans même un regard pour les voitures passant par là.... Au risque de leur vies !
C'est dit dans l'article, les géants de la tech la contrôle.