iPhone SE: Bienvenue dans un monde où Apple est moins cher que OnePlus

Je n'irais pas jusque là et l'appellation peut d'ailleurs faire hurler certains puristes d'Android pour qui l'iPhone SE n'est qu'un patchwork de pièces détachées dans une boîte d'iPhone 8. Mais il reste que le nouvel iPhone SE est actuellement l'iPhone le moins cher avec le meilleur processeur que vous pouvez acheter. Il se pose donc en dangereux concurrent du Pixel 4a de Google qui s'alignerait sur la même gamme de prix. 

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iPhone SE, Pixel 4a,... Mais depuis quand les américains se la jouent flagship killer? L'abandon progressif de cette niche par les cadors chinois du secteur comme OnePlus et Xiaomi, qui se rêvent de plus en plus premium et augmentent leur prix, n'y est pas étranger. Est-ce qu'on assiste pour autant à un renversement des politiques tarifaires adoptées par les constructeurs chinois et leurs homologues outre-Atlantique? Pas vraiment. 

Un iPhone moins cher qu'un OnePlus ou un Xiaomi, le monde à l'envers

Comme l'a très bien souligné Marquees Brownlee sur Twitter, on vit désormais dans un monde ou un nouvel iPhone est moins cher que n'importe quel smartphone que OnePlus a pu sortir cette année. Non, je n'oublie pas que la fiche technique de l'iPhone SE peut souffrir de la comparaison ne vous en faites pas. Mais prenons tout de même cinq minutes pour digérer tout ça. 

We live in a world where a brand new iPhone is undercutting every single phone OnePlus has released this year in price

— Marques Brownlee (@MKBHD) April 15, 2020

Parmi toutes les concessions techniques qu'Apple aurait et a pu faire, j'ai été surpris que la firme propose malgré tout son SoC Bionic A13. Non pas que ça ait dû être très compliqué pour Apple en termes de chaînes de production, Cuppertino devait sûrement avoir une palanquée de puces en rab dans ses entrepôts. 

Mais connaissant Apple et sa volonté de séquencer ses gammes de manière très hermétique, c'est quand même dingue de retrouver le chipset réservé au haut de gamme sur un modèle low cost. L'iPad entrée de gamme de 2019, par exemple, ne bénéficie pas de la puce Bionic A12X pourtant embarquée dans l'iPad Pro 2018 sorti un an plus tôt.

C'est donc un sacré revirement dans la stratégie d'Apple qui propose l'une des puces les plus puissantes, sinon la plus puissante du marché sur le modèle le moins cher de son catalogue officiel. C'est aussi un gros décalage avec les sorties récentes des OnePlus 8 et Xiaomi Mi 10. 

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Ces derniers, et surtout leurs versions Pro, flirtent dangereusement avec la politique tarifaire pratiquée par Apple ou Google (aussi Samsung mais pour les besoins de mon argument je m'intéresse ici aux américains) sur leurs flagships. Le Mi 10 Pro est vendu autour de 1000 euros tandis que le OnePlus 8 Pro s'en approche aussi, marquant une hausse de prix de 200 euros par rapport à la gamme précédente des OnePlus 7.

Les chinois qui ont trusté les marchés européens à coup de prix cassés délaissent progressivement la niche du flagship killer pour poursuivre leurs rêves de devenir des marques premium. Pour autant, ce serait malhonnête de ma part de parler d'un véritable renversement des rôles entre les constructeurs chinois et américains. 

Chacun veut sa part du gâteau de l'autre

Allez, j'arrête de rêver et reviens sur terre. On ne va évidemment pas assister à un glissement de gamme de l'ensemble du catalogue d'Apple ni de Google. Les deux constructeurs expérimentent et tentent des choses sur le secteur des smartphones abordables et c'est très bien. Mais en aucun cas ils ne produisent ni ne produiront de véritables flagship killers comme OnePlus et Xiaomi ont pu le faire. 

Ce serait totalement contre-productif de concurrencer les modèles haut de gamme et très chers qu'ils continuent de lancer et de maintenir dans leurs catalogues respectifs. L'iPhone SE et le Pixel 4a sont un simple moyen de toucher des consommateurs pour lesquels le catalogue d'Apple et de Google est généralement inaccessible. 

On parle donc d'élargir sa base de consommateurs, pas de l'aliéner en changeant toute sa politique tarifaire. Et la même explication peut être donnée à la stratégie de Xiaomi (un peu moins de OnePlus). Les constructeurs chinois veulent mettre des paillettes dans leurs vies en emboitant le pas à Huawei sur le secteur du très haut de gamme, dont la position de force est d'ailleurs fragilisée.

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Chacun veut sa part du gâteau de l'autre. OnePlus et Xiaomi se veulent aussi bling-bling qu'Apple et Google, développer leur image de marque premium et ne plus uniquement miser sur la compétitivité de leurs fiches techniques. L'aspect communautaire travaillé par ces marques, avec les Mi-Fans et la Commu' OnePlus, est d'ailleurs un terreau très fertile et propice au fanboyisme, prêt à acheter n'importe quel modèle de SA marque. Un peu comme les adeptes d'Apple le font depuis des années. 

Et Apple sait que son expérience utilisateur reste largement populaire auprès du grand public, moins technomaniaque, mais que ses modèles ne sont pas assez accessibles. Peut-être que Cuppertino rêve également d'investir certains marchés dits émergents comme l'Inde, où OnePlus et surtout Xiaomi cartonnent avec leurs modèles plus abordables.

Bref, l'iPhone n'est pas un bug venant perturber l'ordre mondial du marché des smartphones. Il n'est que le produit d'une évolution à contrepied du modèle chinois. Une position dominante (celle d'Apple) appelle à se diversifier. Une position émergente (celle des constructeurs chinois) demande à être consolidée. 

Le haut de gamme à l'américaine a donc encore de beaux jours devant lui. Mais le concept de flagship killer perd quant à lui toujours plus de sa pertinence, devenant progressivement une simple gamme intermédiaire plus qu'un véritable business model venant renverser l'ordre établi.