Test des Nothing Ear (1): Rien à redire mais pas grand-chose à dire non plus
Après toute cette hype et un markéting fanfaronnant, les Nothing Ear (1) sont-ils vraiment plus qu'une autre paire d'écouteurs true wireless avec ANC à moins de 100 euros? Pas tellement, mais est-ce forcément une mauvaise chose? La réponse dans mon test complet.
Plus
- Un son correct et neutre
- Le format compact et le design soigné
- La charge sans-fil
- ANC assez efficace
Moins
- L'application et les commandes tactiles limitées
- Pas de codec HD
- Le forcing sur le cool factor un peu relou
- L'autonomie moyenne
Mon avis sur les Nothing Ear (1) en bref
Qui peut le plus peut le moins mais est-ce suffisant? Les Nothing Ear (1), le premier produit de la nouvelle société montée par Carl Pei, l'ex-fils prodigue de OnePlus, ont été annoncés le 27 juillet dernier et sont disponibles en France depuis le 17 août 2021 au prix de 99,99 euros.
Et le fait est que les écouteurs ont du très bien se vendre puisqu'ils sont actuellement en rupture de stock sur la boutique officielle et vrituellement introuvables. Je ne les ai trouvés qu'en précommande sur Amazon Allemagne pour une livraison (possible vers la France) à partir du 19 septembre prochain.
Ce n'est pas vraiment étonnant, puisqu'à moins de 100 euros, les Nothing Ear (1) proposent une ANC correcte, la charge sans-fil, la certification IPX4 ou encore un détecteur de port. Sur le papier, et même à l'usage, le rapport qualité/prix est tout à fait cohérent.
Pour autant, le markéting pseudo philosophique avec des tirades sur l'ambient computing et les envolées lyriques autour du design prétendument disrupto-révulutionnaire de ces buds m'ont franchement laissé sur ma faim. Et c'est là que Nothing se tire un peu une balle dans le pied selon moi. Les Nothing Ear (1) sont de bons écouteurs true wireless milieu de gamme, mais rien de plus.
Et quand on pousse la hype aussi loin et qu'on crée tant d'attente, livrer un produit même correct reste finalement assez décevant selon moi. "M'en touche une sans bouger l'autre/20", voilà la note que je leur donnerais.
Design: I'm looking through you
Les Nothing ear (1) misent presque tout sur leur design. C'est l'élément le plus dominant de leur langage marketing et peut-être aussi le plus déceptif.
J'ai aimé:
- le form factor semi intra, compact et léger
- le boîtier aimanté assez cool
- un vrai travail sur le packaging minimaliste
Je n'ai pas aimé:
- un look de Airpods Pro transparents franchement pas transcendant
- un peu de jeu sur la charnière du boîtier
Les Ears (1) se donnent vraiment beaucoup de mal pour être cools. C'est de toute façon le principe de Nothing, une boîte tellement cool qu'elle n'a même pas besoin de nom ni de se soucier de son horrible référencement sur Google.
Et franchement, en surface, eh bien ça marche plutôt bien. On commence déjà avec le packaging sur lequel Nothing semble avoir pas mal travaillé. La boîte est très compacte, de la taille d'un deck de cartes Yu-Gi-Oh! (désolé pour la référence) ou 1,5 fois plus grand qu'un paquet de cigarettes (encore désolé).
On l'ouvre en déchirant une languette à la manière d'un paquet de chewing gum Hollywood (ce qui tue un peu la valeur à la revente). On a presque l'impression de déballer un jouet ou un cadeau, je suis sûr qu'il y a des formations entières aux départements psychologie de chaque boîte communication là-dessus.
Le boîtier transparent mélange différents matériaux avec des éléments métalliques au niveau du loquet et de la charnière et un corps en plastique blanc qui émule la surface alvéolée d'une balle de golf. Le tout évidement dans une coque transparente.
Hormis un léger jeu au niveau de la charnière, le boîtier semble solide et la résistance au moment de chaque fermeture/ouverture est assez satisfaisante.Les ancres aimantées pour fixer les écouteurs ne sont pas les plus ergonomiques mais elles assurent un maintient assez stable.
Mais c'est le design des écouteurs Nothing Ear (1) eux-mêmes qui m'a assez déçu finalement. Le format open fit est confortable et les oreillettes sont très légères avec 4,7 grammes au compteur seulement. Mais honnêtement, enlevez le plastique transparent qui enrobe les tiges et appliquez-y un revêtement blanc opaque, et vou obtiendrez un énième clone d'Airpods Pro.
Pour une marque qui se veut pionnière sur le design et a justement raillé ses concurrents qui se ressembleraient tous, ce n'est pas sérieux. D'autant que les cadors du marché comme Sony et ses WF-1000XM4 ou Samsung et ses Galaxy Buds Live proposent un look nettement plus original.
Il y a quelques détails sympas, évidemment; Les pastilles colorées pour distinguer l'écouteur gauche du droit, ou le nom du produit gravé qui me rappelle les écriteaux LED. On voit que l'intérieur a été pensé pour être joli et que Nothing ne s'est pas contenté de juste utiliser du plastoc transparent sans rien toucher d'autre. Mais ce look est-il vraiment si subversif? Pas à mes yeux
C'est sûrement en partie ma faute, parce que je me suis tellement emballé au sujet de ces écouteurs, mais les Nothing Ear (1) font tellement de forcing sur leur "cool factor" que ça en devient agaçant.
Je vous dis ça en étant tout à fait conscient de l'hypocrisie de la chose. Après tout, j'achète bien des sneakers aux marges indécentes et fabriquées dans des conditions pour le moins troubles, juste parce qu'elles sont "cool". Et aussi, j'utilise le mot "sneaker" parce qu'il est cool alors que je pourrais très bien dire "basket" mais en fait ça aussi c'est un anglicisme donc il faudrait plutôt employer "tennis" qui, contre intuitivement, est une anglicisation du mot français "tenez" utilisé dans le cadre du jeu de paume.
J'en étais où déjà? Ah oui. Les Nothing Ear (1) ont un design fait pour être perçu comme étant cool. Ouah, ils sont transparents. Et apparemment, ils ont tellement poussé les exigences en termes de qualité de fabrication et de choix des matériaux qu'ils ont eu du mal à trouver des fournisseurs et sous traitants pour certaines pièces.
Et en plus, il y a un petit renfoncement sur le couvercle du boîtier qui permet de le transformer en fidget spinner. C'est trop coolos les potos. Tout ça, c'est super mais cela reste du blabla de vendeur de tapis selon moi. Les anglophones ont une expression pour ça: try hard. Nothing en fait trop et ne délivre pas assez.
Qualité audio: Un bon son équilibré
Côté son, les Nothing ear (1) sont dotés de drivers de 11,6 mm avec une signature audio qui se veut la plus neutre possible.
J'ai aimé:
- un son correct et cohérent avec leurs prix
- la signature audio plate, neutre
- prise en charge du Bluetooth 5.2
Je n'ai pas aimé:
- pas de codec HD (mais tout à fait pardonnable à ce prix)
- les basses un peu trop en retrait
Bon, je ne vais pas faire mon hipster et commencer à vous narrer la plage fréquentielle des mes morceaux préférés sur Deezer. Oui, c'est sympa quand un testeur illustre ses impressions avec des exemples de morceaux ou même de passages précis. Mais entre vous et moi, ça fait un peu beaucoup snob audiophile qui se la raconte. C'est excluant, ça ne parle pas à tout le monde et c'est surtout superflu pour une paire de buds non audiophile à moins de 100 euros.
Allons droit au but. J'ai utilisé les Nothing Ear avec mon compte Spotify et streamé les morceaux en ogg vorbis à 320 kbps (niveau "très élevé). Et les Nothing Ear (1) n'ont absoluement rien d'exceptionnel. On part sur une qualité supérieure à ce qu'on retrouve sur l'entrée de gamme. Mais c'est comme les Airpods Pro, c'est un son de qualité grand public, sans plus.
La signature audio est équilibrée, de sorte qu'aucune plage fréquentielle (basses-mediums-aigües) ne soit plus flattée qu'une autre. C'est censé permettre d'avoir une reproduction la plus fidèle possible du son. C'est un choix aux antipodes de quasi tous les concurrents de Nothing sur cette gamme de prix qui mettent le paquet sur les basses, souvent à outrance.
Ici, on a un son plus subtil. Les basses sont bien dynamiques mais pas assez présentes à mon goût. Les mediums (voix, instruments) sont précis même si les écouteurs ont du mal avec les morceaux très acoustiques mêlant plusieurs voix et instruments en même temps, la séparation. Et les aigus ont un peu de mal avec de la sibilance sur les sons en S et une tendance à tirer vers le critallin avec une saturation à fort volume.
Par contre, la scène stéréophonique est bien englobante ce qui est très immersif lorsqu'on joue, qu'on regarde un film ou qu'on écoute des morceau en Audio 360. Je ne m'étendrai pas sur les uniques codecs SBC et AAC auxquels se limitent les Nothing ear (1). Poiur cette gamme de prix, c'est un défaut 100% pardonnable.
Pour 99 euros, les Nothing Ear (1) proposent un son meilleur que ce à quoi on pourrait s'attendre sur cette gamme de prix. Mais cela reste finalement assez moyen. Oui, c'est bien pour ce prix, mais dans l'absolu, ces écouteurs ne sont pas non plus transcendants.
ANC et micros: La réduction active mitigée
Les Nothing Ear (1) proposent une réduction de bruit active (ANC) avec trois micros intégrés dans chaque écouteur, permettant d'appliquer une ANC à votre propre voix lors de vos appels.
J'ai aimé:
- l'ANC assez efficace au niveau maximum
- la bonne isolation passive
Je n'ai pas aimé:
- la qualité des micros décevante
- l'ANC vocale peu efficace
Les Nothing ear (1) ont un design semi open fit. Ils ne sont donc pas totalement intras mais l'isolation phonique passive (qui repose donc sur les matériaux et l'ergonomie du design) est tout à fait correcte.
La réduction de bruit se dit "hybride" et repose sur trois microphones par écouteur, dont un positionné du côté du haut-parleur pour corriger en temps réel le traitement audio. Selon le fabricant, les écouteurs sont capables de réduire les bruits ambiants jusqu’à 40 dB.
L'ANC n'est pas adaptative, vous pouvez soit l'activer soit la désactiver. Elle propose néanmoins 2 niveaux d'intensité, un mode Light et un mode Max. Il n'y a que le mode Max que j'ai trouvé assez efficace. Les bruits solidiens (qui résultent du contact entre deux surfaces) et les bruits continus (ventilateur, bruits de voiture) globalement bien atténués.
Il y a aussi un mode transparence qui fait ce que tous les autres modes transparence de tous les autres écouteurs font: amplifier les bruits ambiants.
Pour les appels vocaux et/ou vidéo, j'ai trouvé la qualité des microphones assez décevante. La fonction de réduction de bruit vocale pour isoler votre voix de votre environnement sonore ne m'a jamais semblée utile, ou en tout cas ses effets ne sont pas assez notables. Même en intérieur et sans pollutions phoniques, la voix est étouffée et la "définition" laisse à désirer.
Globalement, l'ANC des Nothing Ear (1) est suffisamment efficace pour la plupart des cas d'utilisation. Mais la performance des micros est franchement décevante, surtout que le fabricant a beaucoup insisté sur sa techno d'ANC vocale et ses fameux trois micros.
Fonctionnalités: Une belle application mais limitée
Les Nothing Ear (1) proposent des commandes tactiles ainsi qu'une applications compagnon et un éventail de fonctionnalités somme toute assez complet.
J'ai aimé:
- l'interface de l'application compagnon
- commandes tactiles limitées mais réactives
- utilisation en mono possible
Je n'ai pas aimé:
- pas de Bluetoot multipoint
- pas mal de latence
- détecteur de port trop sensible
- application en anglais uniquement
L'application compagnon Ear (1)
L'application compagnon de Nothing est disponible pour Android ou iOS. Son interface est soignée et très facile à appréhender. Deux boutons se présentent à vous: Hear ou Touch. Hear vous permet de gérer l'ANC et l'égaliseur tandis que Touch vous permet de personnaliser les commandes tactiles pour chaque écouteur.
Les options de personnalisation sont très limitées. L'ANC ne dispose que de deux niveaux d'intensité et l'égaliseur n'est pas réglable à souhait, Nothing préférant vous proposer plusieurs presets.Et les commandes tactiles ne proposent guère plus. Il y a aussi un mode "Find My Earbud" pour vous aider à retrouver vos écouteurs perdus dans un canapé.
Je vous conseille aussi de désactiver le détecteur de port via les paramètres puisqu'il s'avère beaucoup trop sensible et met la musique en pause de façon indésirable.
Les commandes tactiles
Par défaut, vous disposez de trois gestes des deux côtés. Le double appui pour mettre la musique en pause. Le triple appui pour passer au morceau suivant et l’appui prolongé pour basculer entre les différents modes de réduction du bruit. Enfin, le glissement le long de la tige permet de modifier le volume sonore.
C'est d'ailleurs assez bizarre puisque le volume contrôlé via la commande tactile n'est pas celui de la source (votre smartphone) mais celui des écouteurs. C'est assez contre intuitif. Via l'application, vous pouvez réassigner les gestes à l'écouteur de votre choix. Même si l'appui prolongé ne sert à rien d'autre qu'à l'activation de l'ANC, vous ne pouvez donc pas l'assigner autrement. Cela réduit fortement les possibilités de personnalisation. Mais les commandes tactiles se sont avérées assez réactives dans mon test.
La connectivité
Les Nothing Ear (1) communiquent selon la norme Bluetooth 5.2 mais ils ne proposent malheureusement pas de connexion multipoint à plusieurs appareils en même temps.
Chaque écouteur peut être utilisé en mono à condition d'avoir le détecteur de port activé. Le signal stéréo est alors repassé en mono dans l'unique écouteur resté dans votre oreille ce qui est vraiment pratique.
Autre défaut, la latence est assez importante. Même sur les plateformes de SVOD, qui ont des mécanismes logiciels pour compenser la latence, j'ai perçu un net décalage entre le son et l'image. Et c'était encore plus gênant sur les jeux mobiles qui n'ont pas de mécanismes de compensation. Je n'ai pas chronométré, mais certains délais atteingnaient parfois facilement 1 seconde pleine, ce qui est énorme.
Dans l'ensemble, les Nothing Ear (1) proposent plus de fonctionnalités que la plupart de leurs concurrents sur cette gamme de prix. Le détecteur de port, même s'il est trop sensible, est une fonction très rare sur une paire de buds à moins de 100 euros. L'application est par ailleurs très soignée et, même si les options de personnalisation sont trop limitées, le tout reste correct.
Autonomie: Une moyenne rattrappée par le charge sans-fil
Les Nothing Ear (1) sont chacun dotés d’une batterie de 31 mAh tandis que le boîtier de recharge intègre un accumulateur de 570 mAh.
Selon Nothing, les écouteurs disposent d'une autonomie de 4 heures avec la réduction de bruit activée et de 5,7 heures sans. L'autonomie est portée à 24 ou 34 heures (ANC on ou off) avec le boîtier de recharge. C'est une performance très moyenne et clairement pas dans le haut du panier, même sur cette gamme de prix.
En usage concret, j'ai facilement pu tenir plus de 4 heures avec l'ANC activée en permanence au niveau max et avec un niveau d'écoute assez élevé. Quant à la recharge, Nothing promet que 10 minutes de charge permettent de proposer 1,2 heure d'écoute sans ANC ou 50 minutes avec. Les écouteurs mettent près d'1h30 à se recharger complètement, ce que je trouve aussi assez long.
Le câble USB-A vers USB-C est par ailleurs trop court (30 centimètres environ). En revanche, je dois saluer Nothing pour proposer la charge sans-fil Qi sur des écouteurs à moins de 100 euros. Ce n'est pas une killer feature mais c'est très rare d'en bénéficier à ce prix-là.
Globalement, l'autonomie des Nothing Ear (1) est moyenne tout comme le nombre de recharges permises par le boîtier et la vitesse de charge. Seule la charge sans-fil vient pimper légèrement cette partie du test.
La fiche technique
Nothing Ear (1)
Composant | Specs |
---|---|
Drivers |
|
Codecs Bluetooth | AAC/SBC |
Plage fréquentielle | Inconnue |
ANC |
|
Batterie |
|
Autonomie |
|
Recharge |
|
Connectivité |
|
Certification IP | IPX4 |
App & EQ | Oui: Android et iOS |
Dimensions & poids |
|
Prix | 99€ |
Conclusion
Bon alors, est-ce que les Nothing Ear (1) méritaient toute cette hype? Non. Mais peut-on dire qu'un produit est surcoté alors que son prix est plus que raisonnable? Non plus.
Je suis de ceux qui pensent que le marketing autour d'un produit fait partie intégrante de l'expérience utilisateur. L'importance de tenir sa promesse et de délivrer un produit conforme à celui qu'on vend est quintessentielle. Sur l'ambient computing, la disruption du marché et l'originalité, les Nothing Ear (1) n'ont pas tenu leur promesse selon moi.
Mais en termes de rapport qualité/prix pur et dur, c'est un produit tout à fait convaincant. Si je devais acheter une paire d'écouteurs true wireless abordables et que je n'avais pas trop d'exigences, je choisirais sûrement les Nothing Ear (1). L'ANC est très correcte, le son équilibré et de nombreuses fonctionnalités ne se retrouvent généralement pas sur cette gamme de prix.
Les Nothing Ear (1) n'ont rien d'exceptionnel mais ils ne sont en aucun cas un mauvais produit. En tant que startup, je comprends le choix de Nothing de lancer un produit consensuel et très peu risqué. Mais faute d'être aussi exceptionnels qu'ils auraient pu ou dû l'être, les Ear (1) ne font que venir s'ajouter à la longue liste de buds sans-fil à moins de 100 euros. Si c'est ça l'ambition de Nothing en tant qu'entreprise, cela manque tout de même de vision.
Contenu éditorial recommandé
Avec ton accord, un contenu externe est chargé ici.
En cliquant sur le bouton ci-dessus, tu acceptes que des contenus externes soient affichés. Des données personnelles peuvent alors être transmises à des fournisseurs tiers. Tu trouveras plus d'informations à ce sujet dans notre Déclaration de protection de données.