Best-of smartphones mi-2020: Un récap' des tendances du marché en 5 actes
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C'est le milieu de l'année, et si on faisait un bilan de ce qui a fait bouger le marché des smartphones? Dans ce best-of de mi-2020, je vous raconte les tendances qui m'ont marqué ces derniers mois. Une sorte de récap' de milieu d'année en cinq actes.
Cette structure théâtrale est toute trouvée avec l'Odyssée de Realme qui a réalisé une véritable percée sur le marché européen du smartphone. On va aussi parler de la tragédie Huawei, qui continue de produire- et de vendre- d'excellents smartphones dont l'expérience est toujours entravée par l'absence de services Google.
La comédie des flagships, qui se ressemblent tous et cherchent encore désespérément la prochaine killer-feature, faute d'avoir pu convaincre avec la 5G. Quelques arlequins comme Samsung se plient néanmoins en deux pour capter la foule.
La course à l'armement des smartphones photo aux fiches techniques fantaisistes (et parfois mensongères) est quant à elle digne du théâtre de l'absurde. Que dire, enfin, de l'opéra des smartphones milieu de gamme, où chaque constructeur- Apple ou Android- nous berce de chants discordants.
Que le spectacle commence. Rideau!
Acte 1- L'Odyssée de Realme en Europe: encore plus fulgurante que Xiaomi?
Realme est la marque la plus dynamique, celle qui connaît la croissance la plus rapide en Asie du Sud-Est, notamment en Inde. Selon le cabinet d'analyse Counterpoint Research, le constructeur a enregistré une croissance de +157 % au premier trimestre 2020, par rapport à 2019.
En Europe, Realme n'est pas encore au niveau de Xiaomi, qui s'est hissé à la quatrième place du classement des constructeurs, en termes de parts de marché, suivi par Oppo.
La croissance de Xiaomi au cours de ses 10 années d'existence est impressionnante, mais Realme est en vie depuis mai 2018 seulement - c'est dingue. La marque ne fêtait que ses deux ans d'existence début mai dernier. Même si elle était en réalité présente en Chine dès 2010 sous le nom d'Oppo Real, une sous-marque d'Oppo.
Après avoir lancé un flagship très convaincant et à moins de 600 euros, le X50 Pro, Realme a lancé fin mai le Realme X3 SuperZoom, le 20ème smartphone de son histoire. C'est exact, 20 smartphones en 24 mois d'existence. L'écart entre le lancement du Realme X2 Pro et du X3 SuperZoom est de moins de six mois.
Il s'agit d'une guerre éclair comme aucune autre marque n'en a mené auparavant, et cette technique du "tapis de bombes" pour innonder les marchés porte bien ses fruits.
Acte 2- La tragédie Huawei: Ô rage, Ô désespoir, Ô embargo ennemi, n'ai-je donc tant vendu que pour cette infamie?
Huawei continue de vendre ses smartphones, et ils se vendent d'ailleurs plutôt bien. Après avoir dépassé Samsung pour la première fois de son histoire en avril, Huawei a confirmé sa place de premier constructeur mondial en termes de parts de marché, au mois de mai.
Les Huawei P40, P40 Pro que nous avons testés étaient des flagship tout à faits convaincants, proposant une recette matérielle et logicielle efficace. Même le Huawei P40 Pro+ s'est hissé en tête de notre blind test photo annuel, devant les photophones de luxe de Samsung ou OnePlus.
Mais en parallèle, cette première place est toute relative. Selon des chiffres de Counterpoint Research, Huawei aurait atteint 19,7 % de parts de marché, contre 19,6 % pour Samsung en mai. En avril dernier en revanche, Huawei avait une part de marché de 21,4 %, alors que Samsung n'en avait que 19,1 %.
Le géant sud-coréen a donc enregistré une croissance entre avril et mai tandis que Huawei a connu une baisse. La situation pourrait d'ailleurs encore se dégrader pour Huawei d'autant plus que sa filière HiSilicon ne pourra pas utiliser TSMC comme fabricant de ses puces mobiles Kirin.
Il ne faut donc pas enterrer le géant chinois qui continue de résister aux effets de l'embargo américain. Mais on peut tout de même regretter que de si bons smartphones se voient couper l'herbe sous le pied par une guerre commerciale et un sevrage vis à vis de Google pas encore pleinement achevé.
- Lire aussi: Huawei sans Google: que perdons-nous vraiment?
Acte 3- La comédie des flagships: à la recherche de la killer feature perdue
C'est une antienne tellement galvaudée que je n'ai pas voulu la reprendre dans cet article: oui, les flagships sont morts et ont perdu leur signification comme leur lustre d'antan. C'est acté, passons à autre chose.
Mais encore plus intéressante est cette course à la nouvelle killer feature sur le segment des smartphones premium. C'est un constat, la 5G n'est pas l'argument de vente béton tant espéré par les constructeurs, en tout cas pas en Europe. Le déploirement de la 5G y est beaucoup trop en retard pour être exploitable commercialement dans un futur suffisamment proche.
Concrètement, le temps que vous ayez des forfaits 5G, les smartphones Android 5G-ready de 2020 ne recevront peut-être déjà plus les patchs de sécurité. D'autant que la 5G n'est désormais plus réservée au haut de gamme et se retrouve sur des modèles bien plus abordables.
Du coup, on se plie, parfois llittéralement, en deux pour se démarquer de la concurrence et trouver le petit je ne sais quoi pour tenter de convaincre une personne saine d'esprit qu'un smartphone à 1500 euros est un achat raisonnable.
Certains le réussissent avec plus ou moins de panache, comme Samsung et son Galaxy Z Flip. Même si ce dernier a beaucoup perdu en pertinence depuis l'annonce du Galaxy Z Flip 5G, en tout point identique mais avec un processeur Snapdragon 865 Plus plus puissant.
- Lire aussi: Test du Galaxy Z Flip: Bend it like Samsung!
D'autres tentent de jouer sur les mots tirés d'un novlangue marketeux en ajoutant des capteurs photo inutiles, comme des objectifs macro qui font moins bien que l'objectif principal grand-angle. Mais ça permet d'ajouter un capteur pour écrire "quad camera" sur la fiche technique, ça vaut le coup non?
Le problème de cette surenchère, c'est qu'elle a ses limites, qu'on le veuille ou non. Au bout d'un moment, on ne peut pas proposer 500 Hz de taux de raffraîchissement sur un écran. On ne peut pas non plus intégrer 10 capteurs photo. Et on ne peut pas proposer des charges rapides elles-mêmes rapides à plus de 100 Watts. Si? Ah bon, d'accord.
Acte 4- Le théâtre de l'asurde des smartphones photo
Faute d'avoir trouvé une nouvelle killer feature, les constructeurs se focalisent sur la fonctionnalité la plus vendeuse de leurs smartphones: le module photo.
Et sur ce point, 2020 a été l'année du grand n'importe quoi autant que des grandes innovations. On a eu droit à de très belles choses comme sur l'Oppo Find X2 Pro avec son capteur Sony IMX689 et sa technologie d'autofocus 2x2-OCL.
Non seulement ce capteur a plusieurs pixels sous un filtre coleur, mais aussi sous une micro-lentille. Cette astuce transforme chaque pixel du capteur en un capteur autofocus PDAF, ce qui donne au smartphone un autofocus ultra rapide pour des clichés nettement moins flous.
Mais on a aussi eu droit à de vastes fumisteries, notamment en matière de zoom. Le zoom optique/hybride x100 du Samsung Galaxy S20 Ultra par exemple devrait couvrir une plage de focales de 13 à 1300 millimètres en équivalent 35 mm.
Or, le Samsung Galaxy S20 Ultra, par exemple, reproduit en réalité optiquement des distances focales équivalentes de 13 à 103 millimètres - et dispose donc d'un zoom optique environ de x8.
La réponse à la question "d'où vient le x100" est simple: de l'imagination des responsables produits de Samsung. Contrairement aux zooms optiques des "vraies" caméras, ce "x100" n'a absolument aucun rapport avec les capacités optiques du système de caméra.
Au lieu de cela, Samsung a choisi une valeur fantaisiste comme limite de grossissement pour son appareil photo. Mais x100 ça claque quand même. Et les gens adorent les chiffres ronds, ils n'y verront que du feu, pas vrai?
Acte 5- Des flagships killers d'opérette
Tout comme le concept de flagship, celui de flagship killer n'a plus le même impact en 2020. Si le Poco F2 Pro a pu me donner une lueur d'espoir, son prix de lancement en France de 600 euros a finalement éteint la dernière étincelle d'optimisme en moi.
Fini les flagship killer, on est désormais confrontés à des smartphones milieu de gamme qui se disent premium, mais ne sont clairement pas haut de gamme. Dans cet opéra qui s'apparente à la Descente d'Orphée aux Enfers, deux ténors tentent de nous endormir de chants discordants: Apple et OnePlus.
D'un côté, Apple voudrait nous convaincre qu'un iPhone 8 rebadgé iPhone SE 2020 avec un SoC dernière génération, mais bridé, sous iOS 13 et vendu un peu moins de 500 euros est un flagship killer.
De l'autre côté, OnePlus nous sussurre à l'oreille que son OnePlus Nord, doté d'un chipset milieu de gamme et d'un capteur photo tout aussi moyen, est un smartphone digne d'un haut de gamme.
Il est vrai que l'iPhone SE 2020 ne vise qu'à proposer une porte d'entrée suffisamment fermée au catalogue d'Apple pour être vendu un peu moins cher. Alors que le OnePlus Nord marque un vrai effort du constructeur pour être le plus accessible possible, sans baisser son niveau d'exigence sur la qualité de ses produits.
Mais alors on pourrait aussi dire qu'Apple ouvre son expérience utilisateur, sa vraie valeur ajoutée, à un public plus large qui ne peut normalement pas y accéder, faute d'en avoir les moyens.
Je n'ai pas testé le premier, et j'ai beaucoup apprécié le second. Mais tous deux chantent la même berceuse pour nous endormir, avec des notes différentes, seulement.
Voilà, fin du spectacle. Qu'avez vous pensé de ce récap' de mi-2020? Quelles sont les grandes tendances qui vous ont le plus marqué en cette première moitié de l'année? Faites-le moi savoir dans les commentaires!
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Couic 😉
Bon article, très lucide :)
C'est moi, ou l'auteur de cet article est en dépression ?
Excepté Realme, il tire sur tous les autres fabricants. Enfin... Samsung principalement, mais également Apple, Huawei...
Ce ne sont que les 3 plus gros fabricants au monde, après tout.
Personnellement, je ne trouve pas cet article intéressant, sur aucun point.
Il sonne juste comme un mauvais coup de gueule.
Je pense que si Huawei vit une tragédie depuis les pratiques anticurrentielles américaines, il a fait avancer Android pour s'en sortir et l'App Gallery, Emui 10.1 sont les plus belles happy end de cette année
@Phaeton C'est parce que Realme m'a payé un pot de vin, c'est comme ça que ça marche le journalisme, tout le monde le sait.
Du coup qui est-ce qui râle, toi ou moi?
Dans tous les cas, si tu trouves l'article nul, c'est ton droit. Mais alors partage donc ton récap, les tendances qui t'ont marqué comme je t'y invite à la fin de mon article.
Bah non à 599€ pour du recyclage , l'iPhone SE est la pire tragédie de cette année pour les consommateurs.
*489 € le prix de base par contre. Et 659 € pour la version max (256 Go).